JE SUIS et JE NE SUIS PAS CHARLIE
Je suis Charlie mais je suis aussi Ahmed, je suis la France et je suis les victimes juives et toutes les autres victimes du monde, je suis les victimes des frontières, du nazisme, du fanatisme, de l’intégrisme et du nationalisme.
Le “je suis…” est déjà un premier pas positif pour sortir du nombrilisme de chacun, mais ce “je suis” ne devrait pas se réduire à Charlie.
Je comprends que le premier moment soit celui du choc et de l’émotionnel, mais j’espère que le temps de la réflexion arrivera bientôt. Dans “réflexion” il y a aussi l’aspect réfléchissant, le fait de se confronter à soi et à l’autre dans le reflet.
J’espère qu’on s’interrogera sur le fait de dénommer les auteurs de ces actes terroristes comme des « barbares » alors qu’ils sont issus de notre propre société et de notre “civilisation ». Qu’est-ce qui a failli pour qu’ils cessent de se vivre comme citoyens et qu’ils préfèrent la mort à la vie ? Interrogeons-nous sur le fait de dire qu’ils ne sont pas musulmans alors même qu’ils sont issus d’une part sombre de l’islam dont ils se réclament.
Alors, oui, nous sommes Charlie, mais nous sommes aussi les victimes françaises, juives, afghanes, maliennes, irakiennes, new-yorkaises, palestiniennes et nous sommes aussi les frères Kouachi, Merah et Amedy Coulibaly.
Nous sommes tous cette guerre qui a commencé il y a déjà bien trop longtemps.
Chacun devrait commencer à s’interroger de sa place de français, de musulman, d’occidental, de gauchiste, de lepéniste, de bourgeois, de racistes, d’irakien, d’israélien, d’afghan… car, en quelques sorte, nous sommes tous concernés par le fait que, parmi nous, certains deviennent des Kouachi ou des Ben Laden, certains deviennent des Cabu ou des Dilem et d’autres deviennent des Mandela ou des Malala.
J’espère aussi que nous retrouverons la mémoire globale car j’ai la sensation que nous sommes face à une défaillance de la mémoire collective. Ce n’est pas la première fois que la démocratie, la France, l’Occident, la presse ou des civils sont attaqués et la dernière fois ne remonte pas à cinq décennies. Élargissons aussi notre devoir de mémoire à toutes ces morts de civils dont nos armées sont responsables, pensons à tous ces opposant politiques à qui nous refusons l’asile, à tous ces étrangers qui sont victimes de racisme dans nos pays, à tous ces crimes contre l’humanité dont nos gouvernements sont les acteurs ou les complices (Guantanamo, CIA, bavures en Irak, Afghanistan…). « Notre » liberté devrait peut être s’étendre aux autres.
Ce n’est donc pas la première fois et ce ne sera pas la dernière fois que l’humanité sera attaquée par d’autres humains déshumanisés.
Interrogeons-nous sur le fait qu’aujourd’hui, dans notre communauté humaine, certains sont plus attirés par la mort et une prétendue vie promise dans l’au-delà que par la vie. Demandons-nous qu’est-ce qui a pu les pousser à refuser de vivre ici, sur Terre, parmi leurs « semblables » qu’ils tueront avant de quitter.
Interrogeons-nous à un niveau humain, car avant d’être français ou Charlie, nous sommes des humains partageant une même planète.
Mindak, 10.01.15, trois jours après le massacre à Charlie Hebdo.
Merci de nourrir, contre-dire, débattre, etc… cette ébauche de réflexion pour donner un sens à la douleur et tenter de faire émerger quelque chose de positif de ces trop tristes évènements
SOY y NO SOY CHARLIE
Yo soy Charlie pero también soy Ahmed, soy Francia y soy las víctimas judías y todas las demás en el mundo, soy víctimas de las de las fronteras, del nazismo, del fanatismo, del integrismo y del nacionalismo.
El « Yo soy… » ya es un buen primer paso para salir del ombligo de cada uno, pero no debería reducirse a Charlie.
Entiendo que el primer momento sea el del choc y de las emociones, pero espero que pronto llegará el tiempo de la reflexión. En la reflexión también hay el sistema de reflejo, de encararse con el otro y si mismo.
Espero que nos cuestionaremos sobre el hecho de denominar a los autores de esos actos terroristas como “bárbaros” cuando salen de nuestra propia sociedad y « civilización ». Que es lo que ha fallido para que dejen de vivirse como ciudadanos y que prefieran la muerte a la vida ?
También nos tenemos que cuestionar sobre el hecho de que digamos que no son musulmanes cuando son productos de la parte oscura del islam del cual se reclaman.
Entonces sí, somos Charlie, pero también somos las víctimas francesas, judías, afganas, malienses, iraquís, neoyorquinas, palestinas y también somos los hermanos Kouachi, Merah y Amedy Coulibaly.
Todos somos esta guerra que comenzó hace ya demasiado tiempo.
Cada uno debería empezar a cuestionarse desde su punto de vista de francés, de musulmán, de occidental, de persona de izquierdas, de extrema derecha, de burgués, de racista, de iraquí, de israelita, de afgano… por que, en cierto modo, todos estamos concernidos por el hecho de que, entre nosotros, algunos se vuelvan un Kouachi o un Ben Laden, otros se vuelvan un Cabu ou un Dilem y otros se vuelvan un Mandela o una Malala.
También espero que recuperaremos la memoria global por que tengo la sensación de que estamos frente a un fallo de la memoria colectiva. No es la primera vez que la democracia, Francia, Occidente, la prensa o civiles son atacados y la última vez no remonta a 50 años. Ampliemos también nuestro deber de memoria a todas esas muertes de civiles de las cuales nuestras armadas son responsables, pensemos en todos esos oponentes políticos a quienes negamos el asilo, en todos esos extranjeros que son víctimas del racismo en nuestros países, en todos esos crímenes contra la humanidad de los cuales nuestros gobiernos son actores o cómplices (Guantanamo, CIA, errores y matanzas de civiles en Iraq, Afganistán, etc…), Quizás “nuestra” libertad debería extenderse a los demás.
No es pues la primera vez, ni tampoco será la ultima vez que la humanidad será atacada por humanos deshumanizados.
Tendríamos que preguntarnos por que, hoy, en el seno de nuestra comunidad humana algunos estén más atraídos por la muerte y una prometida vida en el más allá que por la vida misma. Tendríamos que cuestionarnos sobre qué les ha empujado a negarse a vivir aquí, entre sus “semejantes” que acabaran matando antes de dejarlos.
Tendríamos que cuestionarnos desde un punto de vista humano, por que antes de ser franceses o Charlie, somos humanos que comparten un mismo planeta.
Mindak, 10.01.15, tres días después de la masacre en Charlie Hebdo.
Gracias por alimentar, contradecir, debatir, etc.. de este principio de reflexión para tratar de dar sentido al dolor y de hacer emerger algo positivo después de estos tristes acontecimientos.